SÉRIE 1 :
topographie d'antan.
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Sur ce plan de
1810, la croix rouge représente la situation
du théâtre, près du rivage Saint-Jean (1), à
l'emplacement des jardins de l'ancien couvent
des Dominicains (2). Entre cet établissement
religieux et la place aux Chevaux (3), devenue
la place de la République Française, coule le
canal de la Sauvenière (4), un
bras de la Meuse qui se ramifie avant de
passer sous le pont d'Île (5), donnant
naissance à plusieurs rivières plus étroites,
aujourd'hui voûtées ou comblées. Constituée
d'alluvions déposés au cours des siècles,
l'île des Prêcheurs (6) porte ce nom vu la
proximité du couvent des Dominicains, aussi
appelés Frères Prêcheurs.
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Concrétisons l'aspect des
lieux en comparant les vues ci-desus, datant
de 1800 et 2006. Le bras de la Meuse (1) et la
place aux Chevaux (2) constituent aujourd'hui
la place de la République Française. Les
locaux de la Société littéraire, créée en
1779, existent toujours (3). De nos jours, la
galerie commerçante Opéra empêche de voir la
basilique Saint-Martin à l'horizon (4) et le
théâtre construit en avant de la collégiale
Saint-Jean (5).
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On
parle de « place aux Chevaux » parce que cette esplanade,
sous l'Ancien Régime, comporte un manège où les nobles
viennent entraîner leurs montures et s'exercer aux arts
équestres. Elle est aussi un des premiers ports de Liège,
grâce au bras de Meuse de la Sauvenière, et en ces temps
où la place
Saint-Lambert n'existe pas (puisque cet
emplacement est occupé par une immense cathédrale dédiée à
Notre-Dame et Saint-Lambert), elle constitue un lieu
public important, où se déroulent bien des événements
marquants de l'histoire liégeoise, heureux ou douloureux.
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Ce détail d'une
gravure de Julius Milheuser nous montre la place
aux Chevaux (1) dans son environnement au milieu
du XVIIe siècle, avec de gauche à droite : le
bras de la Sauvenière à la hauteur de la porte
fortifiée des Bégards (2), la collégiale
Saint-Jean (3), le quartier de l'Île (4), le
couvent des Dominicains (5), le pont d'Île (6),
la collégiale Sainte-Croix (7), l'Official
(tribunal religieux)(8), la place Verte (9), la
cathédrale Saint-Lambert (10).
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Cette
appellation provient tout logiquement du pont qui
enjambait autrefois les bras de la Meuse qui passaient là.
Probablement construit dans la première moitié du XIe
siècle, cet ouvrage a été conçu pour relier le centre de
la Cité et le quartier de l'Île en plein développement.
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Ci-contre, le pont
d'Île au XVIIe siècle. Composé de onze arches,
il commençait à la hauteur de la rue de la
Wache et couvrait presque toute la rue dite
aujourd'hui Pont d'ïle (anciennement
la partie du pont bordée de maisons).
Le symbole des deux
roues indique la présence de moulins sur ces
biez de la Meuse. La pointe de terre, juste à
côté, forme l'angle des actuelles rues de la
Régence et de l'Université.
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Le pont
d'Île au XVIIe siècle, vu depuis la place aux
Chevaux.
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Les
dernières à subsister, ces trois arches seront
démolies en 1826. La fontaine Roland, érigée
au milieu du XVIIIe siècle, disparaîtra en
1848.
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En 1975.
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En 2013.
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La rue Pont
d'Île au tout début du XXe siècle. Certaines
caves conservent toujours des vestiges des
anciennes arches du pont.
En
2006.
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SÉRIE 3 :
les origines du théâtre.
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Un
projet de théâtre sur le place Verte (actuel îlot
Saint-Michel) existe déjà à l'époque napoléonienne,
parallèlement à celui d'aménager une grand-place à
l'emplacement de ruines de la cathédrale Saint-Lambert,
mais l'empire français s'effondre avant que ne soit
décidée la moindre réalisation.
L'idée
de créer une salle de spectacle renaît en 1815, au début
du Régime hollandais. Une commission est constituée par le
conseil communal pour étudier le dossier et trouver des
souscriptions. Le choix de l'endroit se porte cette fois
sur l'ancien couvent des Prêcheurs dominicains, à
l'abandon après avoir servi de magasin militaire sous le
Régime français.
En
1817, le gouvernement hollandais cède à la Ville le
terrain et les matériaux à récupérer de l'ex-établissement
religieux, qu'on détruit dès la même année. C'est
en juillet 1818 que Mademoiselle Mars, actrice parisienne
de la Comédie française, pose la première pierre du futur
édifice. Les travaux vont durer un peu plus de deux ans,
conformément aux plans de l'architecte Auguste Dukers. Le
théâtre sera inauguré en novembre 1820 avec l'opéra «
Zémire et Azor » de Grétry.
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À l'avant-plan : la
place aux Chevaux en 1803. De l'autre côté du
bras de la Meuse venant de la Sauvenière, on
aperçoit l'ancien couvent des Dominicains et la
collégiale Saint-Jean en Isle. À droite, c'est
la collégiale Saint-Martin qui domine la colline
du Publémont.
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Parallèlement à la
construction du théâtre, il est prévu d'aménager
une place publique pour que le nouvel édifice
bénéficie d'abords de qualité. Vont ainsi
disparaître l'île aux Prêcheurs et les
diverticules de la Meuse, devenus il est vrai de
véritables égouts à ciel ouvert. Cette
représentation du site date de 1827, avec le
théâtre précédé d'une place grâce à la
canalisation et au voûtage des passages d'eau.
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SÉRIE 4 : la
place du théâtre.
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Avec
la canalisation en souterrain des diverticules de la
Meuse, la place aux Chevaux s'élargit fortement. Au
départ, elle prend le nom tantôt de place de la Comédie,
tantôt de place du Spectacle. Elle sera baptisée place du
Théâtre en 1866, et enfin renommée place de la République
Française en 1918, en hommage au rôle victorieux tenu par
ce pays voisin au cours de la Première Guerre mondiale.
Depuis
1998, la partie en face du théâtre est différenciée de la
place de la République Française et s'appelle la place de
l'Opéra.

Fragment d'un plan de Liège en 1838, plan publié par
Avanzo & Cie. Identifions les lieux en situant la
place de la Comédie (1), l'ancien bras de Meuse devenu
le boulevard de la Sauvenière (2), la rue
Basse-Sauvenière (3), la rue Haute-Sauvenière avec au
sommet la collégiale Sainte-croix (4), la place
Saint-Lambert, la place Verte (6), les actuels grands
magasins (7), la rue du Pont d'Île (8), le Vinâve d'Île
(9) et la cathédrale Saint-Paul (10). Le tracé rouge
délimite l'actuel îlot Saint-Michel et une partie des
extensions modernes du palais de justice.
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La place de la
Comédie, pavée dès 1820, vue depuis l'actuelle
rue Joffre
(le trait vert sur le plan ci-dessus).
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La même perspective
en 1911 :
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En 1981.
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La place de l'Opéra
en 2011, pendant les travaux de rénovation et de
modernisation du théâtre.
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La place du Spectacle
vers 1850, vue depuis le Pont d'Île.
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La place du Théâtre
au tout début du XXe siècle.
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La place de la
République Française en 2010.
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Le marché
aux fleurs en 1925.
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En 2013.
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Les
fiacres en attente le long du terre-plein de
la place du Théâtre (carte postée en 1904).
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Les
arrêts de bus, place de la République
Française, en 2003.
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La place
du Théâtre en 1907, du côté du Pont d'Île, des
rues de la Régence et de l'Université.
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La place
de la République Française en 1981.
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Sur cette
carte postale de la fin du XIXe siècle, la
place du Théâtre a nostalgiquement conservé
une appellation rappelant son nom originel de
place aux Chevaux.
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Le même
endroit pendant les terribles inondations de
l'hiver 1925-1926.
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En
regardant vers les places Verte et
Saint-Lambert dans les années 1880-1890, à
l'époque des trams à traction chevaline.
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Au milieu
des années 1970, avant que ne soient détruits
la plupart des immeubles situés au premier
rang.
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En 1913,
du côté du boulevard de la Sauvenière. Le
bâtiment blanc, à gauche, est le
café « Le Vénitien », existant
depuis 1855. La flèche désigne le café du
« Point de Vue », qui était au
XVIIème siècle une taverne avec relais de
diligence.
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Le
Vénitien a laissé place à un complexe bancaire
moderne. La flèche désigne toujours
l'établissement « Au Point de Vue »,
devenu brasserie-restaurant. Depuis 1999, une
grande partie de l'espace est occupée par l'îlot
Saint-Michel, vaste ensemble
commercial et résidentiel.
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En 1976.
À nouveau, la flèche montre la
brasserie-restaurant « Au Point de
Vue ». Les immeubles à l'arrière-plan,
aujourd'hui disparus, se trouvaient au pied de
la rue Haute Sauvenière.
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En 2013.
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SÉRIE 5 : la
statue de Grétry
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Au centre du square situé
devant l'opéra royal, s’élève la statue d'André
Ernest Modeste Grétry, datant de 1842. Le
piédestal renferme une urne en plomb contenant
le cœur du célèbre compositeur liégeois.
Conçue par le sculpteur belge
Guillaume Geefs, l'œuvre en bronze a été coulée
à la fonderie de canons de Saint-Léonard.
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André
Ernest Modeste Grétry (1741 - 1813) naît à Liège dans une
famille de musiciens (son père est violoniste d'église à
Saint-Martin). Sa première formation musicale, à Liège, est
suivie d’études à Rome. En 1776, c'est à Genève qu'il
produit son premier opéra-comique («Isabelle et Gertrude»);
il y rencontre Voltaire, qui l'encourage à tenter sa chance
à Paris. Il enchaîne dès lors des opéras et des
opéras-comiques (« Richard Cœur de Lion »,
« Zémire et Azor »...) sans interruption jusqu'en
1803. Pensionné par Napoléon, qui en fait l'un des premiers
chevaliers de la Légion d'honneur, il se retire couvert de
gloire à Montmorency, dans l'ancienne propriété de
Jean-Jacques Rousseau, où il finit ses jours. Son cœur,
selon son désir, est transporté à Liège.
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La statue
de Grétry a d'abord été installée place de
l'Université (illustration de gauche), devenue
la place du XX Août, avant d'être déménagée en
1866 devant le théâtre royal (illustration de
droite).
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La place
de la Comédie (du Spectacle) en 1830, sans la
statue de Grétry.
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La place
du Spectacle devient d'ailleurs la place du
théâtre en 1866 quand on y aménage le petit
square avec la statue de Grétry (la vue
proposée date probablement des années 1880).
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La place
du Spectacle avant 1866.
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La place
du Théâtre à l'aube du XXe siècle.
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En janvier 1944,
l'occupant allemand fait enlever la statue de
Grétry pour aménager un fortin au centre du petit
parc. Un ouvrier qui participe au chantier emballe
dans sa veste l'urne contenant le cœur du
compositeur ; le précieux colis est mis
à l'abri dans un coffre de la Générale de Banque
toute proche.
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Le
blockhaus après la Libération.
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La
démolition du fortin (septembre-octobre 1945)
et le retour de la statue de Grétry.
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1945 :
la remise en place de la statue et de l'urne
renfermant le cœur de Grétry.
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SÉRIE 6 :
l'évolution du site
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À
l'origine, les façades du théâtre sont
recouvertes d'un crépi blanc, qui sera enlevé
lors de la
restauration du bâtiment en vue
de l'Exposition internationale de 1930.
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C'est
aussi à cette occasion, en 1930, que la façade
principale jugée trop sobre sera surmontée
d'un fronton sculpté (allégorie due à Oscar
Berchmans).
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En 1905.
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La
rénovation du bâtiment, de 2009 à 2012, lui a
rendu son aspect laiteux d'antan.
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Le
théâtre a été construit en partie avec des
matériaux de récupération, provenant notammant
de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert et de
l'ancien couvent des Dominicains. Les huit
colonnes en marbre rouge qui ornent la façade
principale proviennent du couvent des
Chartreux de Cornillon.
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Du côté
de l'hôtel de Suède avant 1930.
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Les
démolitions des années 1970.
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La circulation
automobile autour du rond-point que constituait
le petit parc de la statue Grétry
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dans les
années 1950.
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dans les
années 1960.
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Vue
aérienne (André Drèze) de 1979, pendant les
grands travaux affectant la place
Saint-Lambert et ses alentours.
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La place
du Spectacle et le boulevard de la Sauvenière
vers 1900.
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La place
de la République Française et le boulevard de
la Sauvenière en 1994.
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Le bâtiment en cours
de rénovation et modernisation en 2011.

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« Dinner in the sky» le
12 septembre 2013.
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Dos
au théâtre royal devenu opéra de Wallonie, on découvre la
perspective de la rue Joffre,
qui mène à la place Saint-Lambert :
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Au début
du XXe siècle.
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Dans les
années 1960.
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Contenu
du rectangle rouge ci-dessus, en 1967 :
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En 1982.
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En 2003.
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Un dernier petit
coup d'oeil du côté de la place de la République
Française :
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Au début
du XXe siècle (après 1919).
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En 1929.
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En 2003.
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